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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/153

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LES SEMEURS DE GLACE

— Que cette croisée demeure ainsi. J’introduirai par là un paquet que je ne me soucie pas d’avoir dans les bras en entrant dans l’hôtel.

Puis arrêtant les interrogations prêtes à se formuler :

— Pas de temps à perdre ; attendez-moi.

Sur ces mots, il passa dans le couloir.

Au bruit de la porte se refermant, celles de l’appartement 7, de la chambre 1 s’entre-bâillèrent, laissant respectivement passer les têtes de Massiliague et de Francis Gairon. Un vigil, debout au milieu du couloir, tourna la tête vers le nouveau venu.

Jean eut un rire sonore :

— À la bonne heure, vous faites bonne garde.

— Vé, répliqua le Marseillais, les femmes sont des diables ; on ne prend avec elles jamais trop de précautions. Mais vous allez vous promener ?

— Je vais flâner sur le port, en quête d’un bateau qui puisse nous transporter, ma sœur et moi ; car, aussitôt votre affaire terminée, je ne vous cache pas que rien ne me retiendra plus en cette ville que désole la fièvre jaune.

— Pécaïre, nous non plus.

L’ingénieur passa et sortit de l’hôtel.

Longue fut son absence. Enfin, comme le crépuscule, fort court sous cette latitude, commençait, Jean reparut sur la place, portant sous le bras un paquet assez volumineux.

L’agent, placé en sentinelle sous les fenêtres des Anglaises, n’avait d’yeux que pour elles ; aussi le jeune homme put-il, sans attirer son attention, arriver près de la croisée naguère ouverte par lui dans son appartement.

Avec prestesse, il jeta son paquet à l’intérieur, puis les bras ballants, de l’allure d’un promeneur fatigué, il gagna l’entrée principale de l’hôtel Pedro II e Republica.

Sous le vestibule, Scipion Massiliague, sans doute