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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/163

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LES SEMEURS DE GLACE

férence produit la ligne droite, comme la circonférence produit la ligne courbe.

Et sur cet axiome, d’une vérité géométrique contestable, il quitta l’appartement n° 5.

Sans défiance aucune, Jean et ses compagnes s’amusèrent énormément de la déconvenue du Méridional.

Hélas ! leur gaieté ne devait pas être de longue durée. Comme il venait de déjeuner, Massiliague souriant, épanoui, leur rendit visite.

— Et autremain, entra-t-il en matière, ça va bien ?

— Merci, merci, mais vous-même, vous semblez tout à fait remis de votre mécontentement de ce matin ?

— Vous le dites, mon cher, et vous dites bien. Mais à propos, si le sirocco, il n’a pas desséché mon tympan, j’ai bien entendu que vous aviez l’intention de remonter le cours de l’Amazone ?

— En effet.

Scipion se frotta les mains.

— Alors je n’ai pas fait un pas de clerc.

— Qu’exprimez-vous ainsi ?

— Oh ! une gentillesse que je vous ai faite. J’ai retenu votre passage sur un petit vapeur l’Aguila Real, actuellement amarré au Molo do Hierro (le môle du fer). Vous pourrez embarquer ce soir vers dix heures, et à la haute mer, c’est-à-dire un peu après minuit, on se mettra en route.

— Je vous suis obligé, répondit Ça-Va-Bien, avec une sourde inquiétude.

— Et comme moi-même, acheva rondement le Provençal, je n’ai d’autre ressource que d’aller attendre notre fugitive Mestiza au temple d’Incatl, je m’offrirai le grand plaisir de voyager en votre compagnie.

La conclusion arracha une grimace à l’ingénieur.

— Cela ne vous contrarie pas au moins ? questionna mielleusement Scipion.