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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/165

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LES SEMEURS DE GLACE

— Ah çà ! balbutièrent les jeunes filles, qu’avez-vous ?…

— Une reconnaissance infinie à la fièvre jaune.

— Vous plaisantez.

— Point. Vous-mêmes partagerez mes sentiments quand je vous aurai mises au courant.

— Parlez ! Parlez !

— Non, pas à présent. Il est cinq heures, j’ai juste assez de temps. Mademoiselle Stella, envoyez les bagages sur l’Aguila Real (l’Aigle Royal).

— Ceux d’Ydna aussi ?

— Ceux de mademoiselle aussi, et comptez sur moi : le brave monsieur Massiliague ne nous gênera pas.

Précipitamment, l’ingénieur se coiffait de son chapeau, se munissait d’une badine.

— Tenez. Voici le seigneur Scipion qui revient avec un camion. Dissimulez-vous, mademoiselle Ydna ; je vais moi-même procéder au chargement.

Cinq minutes après, la caisse aux globules d’air liquide et les valises des habitants du numéro 5 étaient sur le véhicule, où s’empilaient également les bagages du Provençal.

Celui-ci triomphait positivement. Il surveilla l’arrimage des colis, puis déclara qu’il les accompagnerait à l’Aguila Real et les ferait placer dans les cabines. Seulement, lorsqu’il partit, marchant auprès du charretier, il omit de regarder en arrière.

S’il n’avait été grisé par le succès, de son expédition, il n’eût certes pas négligé cette précaution élémentaire, il eût vu une chose qui lui eût donné à réfléchir.

À cinquante pas de distance, Jean sortit de l’hôtel, traversa la place d’un air indifférent ; puis, s’engageant à la suite du camion, dans une rue accédant au port, il continua de surveiller le véhicule.

Rasant les maisons, se dissimulant derrière tous les obstacles rencontrés, voiture et ingénieur atteignirent le Molo do Hierro.