Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jean fit halte derrière une pile de caisses, attendant le départ d’un cargo-boat. Devenu ainsi invisible, il ne perdait pas un des mouvements du Méridional.

Il le vit, avec de grands gestes, diriger les mouvements des portefaix qui faisaient passer du camion sur l’Aguila Real, valises, boîtes, etc.

Il sourit en constatant que l’exubérant Marseillais semblait déjà chez lui à bord. Il secouait les mains du capitaine, frappait sur l’épaule des matelots.

Enfin l’opération fut terminée, et Massiliague, mettant un terme à ses familières démonstrations, regagna le quai.

Il passa à trois mètres de l’ingénieur, sans soupçonner sa présence, et reprit le chemin de l’hôtel.

— Il rentre, fit Ça-Va-Bien d’une voix légère comme un souffle ; à mon tour d’agir.

Un instant encore, il demeura immobile, mais Massiliague ayant disparu, le jeune homme bondit hors de sa cachette, fila sur les quais à une allure accélérée.

Bientôt, laissant en arrière les docks, il se trouva sur le boulevard du Pacifique, en bordure de la partie est du port, et où les armateurs, fonctionnaires supérieurs et autres personnages notables de Sao-Luis ont leur domicile.

Devant une maison de belle apparence, badigeonnée, selon l’usage du pays, d’une gaie peinture rose, l’ingénieur cessa de courir.

Il leva le marteau de bronze poli dont la porte était ornée, et au serviteur nègre qui vint lui ouvrir :

— Le señor Besomanos, chef des vigils de Sao-Luis, est-il visible ?

Le noir haussa les épaules.

— Qui savoir ? Massa paraître visible à bon noir, et souvent Massa prétendre li pas visible.

— Veuillez vous informer. l s’agit d’une question itéressant la salubrité de la ville.