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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/168

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maladie, le señor Besomanos se leva brusquement, et augmentant la distance qui le séparait de son interlocuteur :

— Ah ! señor ; pour ces choses-là, on vient me trouver à mon bureau de ville.

— Je l’aurais fait, señor, mais…

— il n’y a pas de mais qui tienne.

Jean se courba en accent circonflexe et d’un ton soumis :

— vous voyez bien que si, illustre señor.

Un silence suivit. Enfin Besomanos, résolu à brusquer l’entretien, reprit :

— Ce qui est fait est fait. Que voulez-vous ?

— Vous apprendre qu’une personne montre les symptômes de l’effroyable maladie.

— Cette déclaration doit être faite au municipio (municipalité).

— Attendez, señor. La malade est étrangère.

— Peu importe !

— Elle est descendue dans une fonda (hôtel), dont sa présence amènerait la ruine…

— Cela m’est-égal !

— … puisque, le drapeau jaune, planté sur la maison contaminée, plus personne n’y peut entrer, ni n’en peut sortir.

— Seul moyen d’empêcher la propagation du fléau. Un sourire ironique plissa les lèvres de l’ingénieur, mais exagérant encore son ton obséquieux, le jeune homme continua :

— Aussi je me rends compte de l’énormité de la faveur que je viens solliciter.

— Une faveur, laquelle ?

— Que vous fermiez les yeux.

— Que je ferme ?

— Afin qu’il me soit loisible d’emmener la chère malade, et de la conduire sur les hauteurs qui dominent la ville.

Le chef des vigils leva les bras au ciel.