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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/174

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Et même, il faut l’avouer en historien impartial, les employés de la maison tout au moins finirent par se féliciter. Ce jour équivalait presque à un congé, puisque les vigils empêchant tout mouvement de l’intérieur à l’extérieur, ou vice versa, le service était exempt de surprises et de coups de collier.

Personne ne veilla le soir, pour attendre les voyageurs tardifs. Vers dix heures tout le monde dormait sous la protection de la force armée.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dans son lit, les yeux clos, la face hilare, Scipion monologuait tout en rêvant.

— Va bien, mon fils. Si c’est toi qui as mis le drapeau jaune pour rouler l’ami Massiliague, tu es pincé, ni plusse, ni moinsse, qu’un anchois dans un baril. Tu aurais dû comprendre, pauvre parisisienn, qu’on met pas dans la pâte un fils de Marseille.

Profond était son sommeil, car il ne lui permit pas de percevoir le bruit du passage de plusieurs personnes dans le couloir.

Et cependant, l’observation aurait eu son importance, car les promeneurs, au nombre de trois, n’étaient autre que Jean Ça-Va-Bien, Stella Roland et la prêtresse Ydna.

Ceux-ci venaient de quitter leurs chambres.

Doucement ils gagnèrent l’escalier des cuisines, situées au sous-sol. Tout était désert.

Ils traversèrent les salles où s’alignaient les casseroles de cuivre poli, les offices, fruitiers, garde-manger et s’engagèrent dans les couloirs sombres des caves.

Jusque-là, ils avaient progressé à tâtons. Alors seulement, Jean alluma une bougie, en homme qui estime n’avoir plus rien à craindre, et la marche fut reprise avec plus de rapidité.

Le corridor partageait les caves en deux parties égales. À son extrémité, les nocturnes péripatéti-