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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/184

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LES SEMEURS DE GLACE

mon cœur, qu’est auprès de cela la perte de la vie.

Et avec un triste sourire.

— Déjà je suis dans la tombe. C’est une morte que l’on égorgera sur la dalle de granit des sacrifices, sur cette dalle où sont gravés les signes hiéroglyphiques de l’Infini, le Nombre et la Loi.

Stella sentait ses yeux se mouiller de larmes, tant était triste cette plainte murmurée dans la nuit pleine de rugissements.

Et dans son esprit, les prêtres cruels qui voulaient le trépas de sa compagne, se confondaient avec les fauves altérés de sang.

Machinalement elle entoura de son bras la taille de Dolorès.

— Non, non, petite sœur, tu ne mourras pas, et le bonheur te sourira.

Elle se mordit les lèvres, craignent de s’être trahie.

Mais Ydna n’avait pas fait attention à la phrase imprudente. Ou bien, si elle l’avait entendue, ne lui avait-elle donné d’autre valeur que celle d’une consolation banale, où les mots n’ont point de sens précis.

Stella fut rassurée.

Évidemment, la Mestiza ne soupçonnait pas que ses compagnons de voyage songeaient à utiliser la découverte scientifique de M. Roland, pour… escamoter la légende, pour illusionner la tradition, pour réaliser les prédictions sacrées à là façon habile, mais profane, d’un Robert Houdin ou d’un Dickson.

De nouveau, tel l’Indien exaltant sa vie dans son chant de mort, Ydna retraçait son expédition à la recherche du gorgerin d’alliance[1].

Les incidents se succédaient, singuliers, terribles ou magnifiques. La réunion des délégués de tous les peuples sud-américains à Mexico.

La traversée du Texas, du territoire indien.

  1. Cette expédition a fourni le sujet d’un volume précédent : Massiliague de Marseille.