Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
182
LES SEMEURS DE GLACE

Les dangers de toutes sortes dont il avait fallu triompher : la faim, la soif, la chaleur accablante dans les steppes du llano Estacado ; les luttes contre les Indios bravos, les ruses pour dépister les milices nordistes, mobilisées dans le but de faire échouer son entreprise.

Puis le triomphe. La foule en délire acclamant la Virgen Mexicana, la Vierge libératrice.

Et enfin l’heure sinistre où, dans la nuit, dans le silence, seule, fugitive, elle s’était éloignée de ses compagnons de lutte, pour revenir vers le temple Incatl afin d’y trouver la mort.

Bien qu’elle connût déjà ces choses, l’angoisse étreignait la poitrine de Stella.

Pourtant, elle percevait à peine le son de la voix de son amie. Depuis un instant, en effet, les fauves semblaient s’être rapprochés du camp. Les farouches musiciens de l’ombre hurlaient, grondaient.

Il passait dans l’air comme des frissons de menace. Des grincements de dents partaient en pétarades du fond de l’obscurité, évoquant la vision de gueules énormes, ouvertes pour le festin du sang.

Les jeunes filles n’y prenaient pas garde, absorbées qu’elles étaient, l’une par ses souvenirs, l’autre par l’espérance, lointaine encore, de sauver sa compagne.

Soudain, elles s’interrompirent.

L’un des noirs venait de se dresser, et sa silhouette herculéenne se découpait sur la clarté dansante des foyers.

Presque aussitôt un second s’approcha, et les deux hommes de couleur parurent s’entretenir avec animation.

Leurs gestes désignaient l’ombre épaisse figurant un mur de ténèbres, à quelques mètres de la zone éclairée.

— Qu’y a-t-il donc ? questionna Mlle Roland.

Ce fut le dernier venu qui répondit :