Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils ne renoncèrent pas à cette agréable occupation lorsque leur chef s’embarqua avec eux sur un navire à destination de la Martinique.

La veille, ils s’étaient présentés avec José, Kasper et Cristino à la maison Roland, du morne Rouge. On les y avait reçus selon la tradition hospitalière de l’île, et ils avaient profité de la confiance de leurs hôtes pour mêler un narcotique puissant à la boisson des propriétaires et de leurs employés.

Cette opération accomplie, ils s’étaient éloignés, avaient retrouvé le señor Olivio à l’endroit où ils étaient encore à cette heure, et avaient employé la nuit à creuser, dans le flanc du volcan, la mine destinée à servir les projets secrets du chef.

Rien de tout cela ne les avait fait sourciller.

Et voilà que maintenant ils tremblaient comme feuilles agitées par le vent, à la pensée que Jean, qu’ils supposaient en France une heure plus tôt, s’avançait vers leur embuscade, offrant sans défiance sa poitrine aux coups de leurs compagnons.

Tout à coup, Candi eut un geste… Il se pencha vers Crabb :

— J’ai trouvé, dis ainsi que moi !

Puis, à haute voix, il appela :

— Signore Olivio !

Le chef tourna les yeux de son côté, et sans bouger de place :

— Que veux-tu, incorrigible bavard ?

— Vous faire part d’une réflexion qui mé vient.

— Plus tard, plus tard.

Mais l’Italien secoua la tête.

— Non, signore, plus tard, il serait trop tard.

— Parle donc, puisque, aussi bien, rien ne peut arrêter ta langue.

Dans les yeux noirs de Candi, il y eut comme un éclair joyeux qui s’éteignit aussitôt.

— Jé parle, signore, ma, c’est pour vous rendre oun grosse service.