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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/190

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LES SEMEURS DE GLACE

du jaguar agrippèrent le batelier à la poitrine, les griffes dilatées s’incrustèrent dans les chairs. L’homme eut un cri, il chancela, essayant en vain de se soustraire à l’horrible étreinte.

Efforts impuissants. Les griffes s’enfonçaient toujours. L’homme tomba sur un genou.

À ce moment même, Ydna sortait de la tente, un revolver à la main. D’un coup d’œil elle embrassa le tableau, courut au groupe, et, appliquant le canon de son arme dans l’oreille du monstre, au risque de se faire déchirer, elle appuya sur la gâchette.

Une détonation, puis les muscles du jaguar s’amollirent, et, sans vie, la bête glissa sur le sol.

Une seconde encore, le Boni délivré demeura le genou en terre. Il put murmurer d’une voix défaillante :

— Merci, senoraële.

Mais ses bras s’étendirent autour de lui, comme pour chercher un appui. Il vacilla et s’abattit enfin sur le sol.

Il avait perdu connaissance. Dolorès s’agenouilla près du blessé.

— De l’eau ! cria-t-elle à Stella, vite, de l’eau !

La jeune fille comprit, pénétra sous la tente, prit un vase et courut au bord du fleuve.

Comme elle revenait, elle trouva tous les Bonis rassemblés autour de la prêtresse. Ils voulaient soigner eux-mêmes leur camarade. Mais, avec l’entêtement de la reconnaissance, Dolorès refusait.

— C’est pour nous protéger qu’il a risqué sa vie ; je veux être la garde-malade de ce courageux garçon.

Et les bateliers de protester :

— Ti pas savoir.

— Au temple Incatl, on nous enseigne à soulager les souffrances.

— Ça, pas métier por senoraële.

— Je le veux.