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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/197

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LES SEMEURS DE GLACE

— Non, señor, reprit celui qui s’était improvisé orateur de l’assemblée, ma prière est brève, en une minute j’aurai tout dit.

— J’écoute donc.

— Voilà. Le Gapo nous tient prisonniers, señor. Il y a de la tristesse, de la fièvre dans l’air. Votre parole est un véritable rayon de soleil qui les chasse bien loin.

— Bé, mon agnelet, tu es aimable comme un moco.

— Et vous le seriez plus encore, señor, si vous consentiez à nous conter une de ces histoires qui nous réchauffent le cœur.

— Pas dégoûté, pitchoun, tu m’élèves au rang de calorifère cardiaque.

Et avec une condescendance généreuse, Scipion termina :

— Je veux bien, moi. Seulemain, je te préviens, mes agnelets, que je te vais conter une simple histoirette, car ce soir, j’ai disposé de mon temps et ne puis, à mon regret immense, me lancer dans un long récit, dans une histoirasse.

Il se fit un brouhaha de chaises remuées, d’exclamations joyeuses, de chuchotements, dont Ydna profita pour se pencher à l’oreille de Mlle Roland :

— Quand le récit sera commencé, vous vous lèverez sans bruit et me suivrez.

— Où cela ? questionna Stella étonnée.

— Dans ma chambre, où nous attendrons ces messieurs.

— Pour…

— Prendre le maté. J’aurai à vous parler seule auparavant.

Le silence s’était rétabli.

— Chut ! ajouta la prêtresse, vous aurez l’explication quand le moment sera venu.

Massiliague, aussi à l’aise que s’il eût été au milieu d’un désert, se passa la main dans les cheveux, toussa et enfin d’une voix sonore :