Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elle a continué, je vais fournir le chaudron, et Estachou fournira les légumes.

« Ici, le maire dressa l’oreille. Sa perspicacité lui inculquait qu’il allait recevoir un atout de tous les diables.

« Il se trompait pas, lou malin.

« Galéjac lui montra la cour d’honneur, qui formait un carré de cent mètres de côté au moinsse.

« — Tiens, mon bon, voici la casserole. Emplis-la de bonnes choses, et ma sœur est à toi.

« — Mais si je refuse ?

« — Oh ! alors, je convoque mes hommes d’armée, je rase Saint-Charles, je passe les habitants à la broche et je les mange.

« Un autre serait tombé à la renverse de peur. Estachou se borna à sourire.

« — Alors j’accepte ; quand on est conciliant, rascasse, on fait de moi tout ce que l’on veut, seulement, mon bel ami, je te demanderai quinze jours pour réunir ma part.

« — Quinze jours, accordé.

« Et le sire de Galéjac sourit dans sa barbe, car il se disait :

« — Dans tout Saint-Charles, pécaïre, tu trouveras pas de quoi remplir le chaudron de Céciliette, qui cube, avec ses cent mètres de côté et ses cinquante mètres de hauteur, cinquante mille mètres cubes.

Ici l’enfant, qui déjà avait interrompu l’orateur, éleva de nouveau la voix :

— Je croyais, señor, que le mètre et le système métrique avaient été inventés en 1789, sous la Révolution française.

Il avait profité de ses études, l’aimable bambin. Massiliague le toisa et d’un air de pitié :

— À Paris, oui, mon agnelet, à Paris où l’on retarde toujours, mais à Marseille, il a toujours existé, ton système métrique. Le Marseillais, maître du monde, a donné son nom, mètre, à l’unité de mesure,