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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/203

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LES SEMEURS DE GLACE

et il a ajouté, pour désigner le système : trique, afin de rappeler que, quand il s’est levé, le grand Napoléon a battu, triqué toute l’Europe…

À cette audacieuse affirmation, tous ouvrirent de grands yeux. Scipion ne sourcilla pas et, d’un air détaché, laissa tomber ces mots :

— C’est même pour proclamer la gloire de Marseille, pitchoun, que le chant national français, il s’appelle la Marseillaise.

puis reprenant le fil de sa narration :

— Mais je me hâte, mes minutes sont précieuses… Estachou rentra à Saint-Charles, convoqua les notables et leur fit part des menaces du sire de Galéjac. Tous, l’écoutaient, tremblants ; alors, il leur parla bas à l’oreille, et tous s’esclaffèrent, ouvrant des bouches, connue marsouins se pâmant sur la grève.

« Tous les artisans de la bourgade furent rassemblés ; ferronniers, charpentiers, peintres, et en dehors des murs, s’éleva bientôt une étrange construction, large de cent mètres, haute de cinquante.

« Cependant Céciliette, au haut du donjon, interrogeait l’horizon. La noble demoiselle avait coutume d’être obéie à la baguette, fanfarou, et, bagasse, il paraissait dur à son tendre cœur d’attendre quinze jours la venue de l’époux de son choix.

« Elle dépérissait que c’était pitié.

« Son teint devenait blanc, comme les routes de Provence, et ses yeux, qui flamboyaient naguère, tels des escarboucles, étaient ternes ainsi que verre dépoli.

« Du rose, ses lèvres passaient au blême, la pauvre, et ses mains amaigries prenaient une telle transparence, que l’on eût pu lire au travers.

« Enfin, le quinzième jour, au matin, elle poussa Un cri de joie, et tirant un son perçant d’une petite corne d’argent pendue à sa ceinture, elle appela son frère, le sire de Galéjac, auprès d’elle.

« — Qu’as-tu, Céciliette ? clama le gentilhomme,