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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/206

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teur, Scipion parlait d’abondance, pendant que les deux amies, armées chacune d’une théière, versaient le liquide parfumé dans les tasses.

Mais, par hasard sans doute, Stella remplit les coupes de porcelaine de Jean, d’Ydna, la sienne, alors que la prêtresse servait les autres personnages.

Le premier, Francis leva sa tasse.

— À vous, dona Ydna, dit-il ; puissé-je vous sauver, ou périr avec vous.

Elle eut un sourire contraint, balbutia :

— Merci.

Et regarda avec un attendrissement soudain le Canadien qui, fidèle à la vieille tradition française, vidait le récipient jusqu’à la dernière goutte.

Stella s’empressa de détourner la conversation ; nul ne remarqua le trouble de la prêtresse.

Bientôt, d’ailleurs, Jean et Mlle Roland parlèrent seuls. Une torpeur semblait avoir envahi Massiliague, Marius, les chasseurs. Leurs regards éteints, leurs gestes las, indiquaient la fatigue.

Puis Pierre ferma les paupières et les autres l’imitèrent un à un.

— Ils dorment, fit alors Ydna.

Sans une parole, Jean et Stella se levèrent.

Sur un signe de leur compagne, ils sortirent, descendirent sans bruit.

Tout dormait, maintenant, dans la fonda. La salle, où tout à l’heure Massiliague tenait sous le charme ses auditeurs, était déserte et plongée dans l’obscurité.

Déserte en apparence, car à l’entrée des jeunes gens, le crépitement d’une allumette retentit, une flamme légère brilla, et, à sa clarté, ils aperçurent un indien Wampa élevant au-dessus de sa tête un rat-de-cave.

— Ogg’s, prononça l’homme d’une voix, gutturale quoique assourdie.

— Vous êtes Pagaie-d’Acier ? demanda Stella.