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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/208

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légère, inconstante ; et cependant, à cette heure, j’immole mon âme pour que tu vives.

Un geste violent, suprême révolte du désespoir, et elle se redressa.

D’un pas automatique, sans regarder en arrière cette fois, elle gagna la porte, dont le panneau retomba sur elle.

Hâtant sa marche, elle gagna la cour de la fonda, atteignit une ouverture de service et se glissa dehors ; puis, par une rue en lacet, descendit la colline rapportant l’agglomération de Manaos.

Bientôt elle se trouva sur le quai flottant qui, durant la période des hautes eaux, remplace les quais fixes.

C’est une précaution hospitalière des Manaosiens. Bien que la navigation soit suspendue, il faut, disent-ils, que le navigateur conduit par la Madone puisse débarquer.

Déjà Jean et Stella s’y trouvaient avec Pagaie-d’Acier.

Tout près, amarrée à quai, une longue pirogue se balançait au courant du fleuve, montée par huit rameurs indiens.

Au fond de l’embarcation gisaient la caisse aux globules bleus et les bagages des voyageurs.

Ydna embrassa tout cela d’un regard ; puis, s’adressent aux deux jeunes gens, qui considéraient avec une muette inquiétude la nappe d’eau s’étendant sans limites sous leurs yeux :

— Vous persistez à vous confier à ces Indiens, que ma qualité de prêtresse d’Incatl a décidés à s’aventurer dans le Gapo.

Jean tressaillit, couvrant Stella d’un regard trouble.

Mais la jeune fille répondit avec fermeté :

— Oui.

— Ils ont l’habitude du désert d’eau, mais ils peuvent s’égarer.