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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/216

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À ce moment même, les mariniers noirs se précipitèrent au bord de l’eau avec de grands cris :

— Balanceïto ! balanceïto !… Benvenonda (bienvenue) ! Benvenonda !

Les trois hommes se tournèrent vers la porte et regardèrent au dehors.

Bientôt, une pirogue conduite par six Indiens se montra sur les eaux. Elle évolua et vint s’engraver sur la sable.

Tandis que Peaux-Rouges et nègres s’abordaient, avec de grandes démonstrations, se préparant ainsi aux discussions du prix du transbordement, un passager sauta sur la grève et se dirigea en boitant vers la Botearia.

C’était à n’en pas douter, un Européen ; âgé d’une quarantaine d’années, l’homme semblait affaibli par le climat meurtrier des plaines de l’Amazonas.

Brûlé par le soleil, ses os saillaient sous la peau brunie, le dos se voûtait. C’était bien un de ces chercheurs de diamants, qui reviennent parfois des mines avec une fortune, mais qui ont perdu pour toujours la plus merveilleuse des richesses, c’est-à-dire la santé.

Olivio le regardait venir.

L’homme, d’un pas traînant, arriva sur le seuil. Candi courut à lui.

— Lé signor désire sans doute sé réposer.

— Oui, répondit le voyageur.

— Qu’il mé permetté dé lé conduire dans oune chambre, que les hôtels les plous luxueux du monde né pourraient offrir mieux.

— Soit. Vous pourrez aussi me donner à manger ; les diables de bateliers en ont au moins pour vingt-quatre heures à se quereller, et dame, la diète ne m’irait pas.

— Le signore sera content.

— Tant mieux. Quand on a de quoi payer, on aime ne manquer de rien.