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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/218

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comme pont de halte nocturne, car l’embarcation décrivit une courbe et vint aborder au fond de l’anse.

Un homme et deux femmes en descendirent.

Lui, assez grand, le visage tatoué des signes de la tribu des Guaranis, portait avec aisance la blouse sanglée à la taille, les culottes de coton, le manteau et la coiffure empennée des Indiens de sa race.

L’une des femmes était, selon toute apparence, une squaw (femme indienne). L’autre, portait avec aisance son costume mi-européen, mi-guarani. S’adressant à celle-ci :

— señora mestiza (métisse), fit l’Indien employant le dialecte espagnol, nous voici à la halte de nuit, et ma sœur — il montrait l’autre squaw, — m’exprimait le désir de vous voir partager notre repas ; elle ne veut plus que vous vous isoliez dans une tristesse, qu’elle comprend, mais qu’elle veut combattre. Est-ce dit ?

La mestiza tendit la main à la jeune fille.

— Très volontiers.

Puis, se tournant vers les bateliers, elle leur donna ses ordres en lingua gual, idiome usité à l’intérieur du Brésil, et qui se compose en partie à peu près, égale de mots espagnols et guaranis.

Ce soin pris, elle revint à ses compagnons, lesquels s’étaient éloignés de quelques pas et, marchant près d’eux, elle se dirigea vers la Botearia.

Les tenanciers de l’auberge les attendaient à la porte.

Depuis un instant, Crabb et Candi observaient les nouveaux venus en échangeant ces rapides répliques :

— Des personnes venant de l’Est.

— Sans le sou, on vient de l’Est, donc rien à faire.

— Je pense ainsi. Les gentlemen riches viennent de l’Ouest.

— Le côté des mines dé diamants.

— Le côté de l’or, by God.