Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
LES SEMEURS DE GLACE

— Enfin, ceux-ci, il faut leur donner à manger, et pouis les envoyer couché lé plous vite possible.

En vertu de cette conclusion, tous deux s’empressèrent, servirent leurs clients avec une vélocité extraordinaire, si bien que, la fatigue aidant, les voyageurs se retirèrent dans leurs chambres vers la demie après huit heures.

L’Indien guarani se vit atribuer la pièce n° 2, les deux jeunes femmes eurent la salle n° 4, voisine du 6, où reposait déjà le mineur qui les avait précédés.

Livrés à eux-mêmes, ceux-ci causèrent un moment, puis se séparèrent.

Mais Crabb et Candi, Olivio lui-même se fussent étonnés s’ils avaient pu voir le Guarani serrer la main de ses compagnes et la porter à ses lèvres.  Ce sont là des façons de civilisé qui n’ont guère cours dans le llano.

Les Jeunes filles restèrent seules.

Sans lumière, afin de ne pas attirer les moustiques, elles s’étaient assises près de la fenêtre, tournant le dos à leurs couchettes emprisonnées sous leurs moustiquaires. Elles conversaient.

— Tu le vois, ma petite sœur Stella, commença celle qui, jusqu’alors, s’était fait appeler la Mestiza, tu le vois, notre déguisement indien facilite notre voyage. Nul ne prête attention au passage de trois Guaranis.

Mlle Roland, car c’était elle, eut un doux sourire :

— Ydna, tu es aussi sage au conseil que vaillante dans l’action.

— Oh ! vaillante !

— Si, si, ne t’en défends pas. Au départ de Manaos, pendant notre longue navigation à travers le désert d’eau, qui a songé à tout ? Qui a remonté mon courage ? Toi, toujours toi.

— Je suis accoutumée au pays.

— Et lorsque nous avons atteint la ville de Téffé, est-ce aussi par habitude de la contrée que tu as