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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/220

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voulu interrompre ton voyage, que tu as décidé un arrêt prolongé ?

La prêtresse lui prit les mains.

— Non, ma sœur, mais tu souffrais. La fièvre pernicieuse des marais te rendait pâle et frissonnante.

— Et toi, toi, qui chaque jour disais : « J’ai hâte d’atteindre Incatl, de mourir pour le Soleil, afin de ne plus entendre la plainte de mon cœur ; » tu as oublié ta tristesse pour songer seulement à la santé d’une étrangère.

— D’une étrangère ?… se récria Dolorès.

— Sans doute.

— Sont-ils donc étrangers ceux que l’on aime ?

Stella battit des mains :

— Tu l’avoues donc, tu m’aimes.

— Comme la plus chère des sœurs.

— Je te le rends bien, va.

— Je le sais. Or, j’aurais été injuste et cruelle en t’abandonnant.

Maintenant Mlle Roland avait enlacé sa compagne et, la tête appuyée sur son épaule, elle écoutait.

— Parle, parle encore, en voyant que la prêtresse s’arrêtait.

— Que veux-tu que je te dise ?

— Ce qu’il te plaira. J’aime ta voix ; elle sonne à mon oreille comme une musique aimée. Par moments je pense : pourquoi Ydna n’est-elle pas la sœur inconnue que je cherche ?

— Tu y penses toujours à cette sœur ?

— Toujours et je voudrais qu’elle fût toi. Ta sœur véritable aurait le droit de te protéger, de te défendre, même contre le Soleil.

Doucement Dolorès caressa les cheveux de son interlocutrice.

— Pauvre chérie, tu oublies que j’ai fait serment.

— Serment de mourir, allons donc.

— Et que me forcer à manquer à la promesse sa-