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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/22

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— Seulement…

— Seulement quoi, caro ?

— La douleur, il était sur la tête de nous.

— Pourquoi, mon bon Crabb ?

— Parce que le pauvre doux cœur, il allait savoir nous sommes des outlaws (hors la loi).

— Jé lé crois.

— Et il nous méprisera, by God !

Philosophiquement, Candi haussa les épaules, et, sans se douter que, dans l’abnégation de son dévouement, il s’élevait jusqu’aux limites du sublime :

— J’aimé mioux qu’il mé méprise en bonne santé, qué lé voir mourir en m’aimant.

Toute l’ardeur de son affection, unique dans la vie du pauvre diable, vibrait dans ces simples paroles.

Crabb en fut frappé, et pensif, il murmura :

— De le sorte, le souffrance, il sera pour nous toute seuls… All right, cela est droit.

Ce fut tout.

Les deux sacripants venaient, sans phrases, de sacrifier leur bonheur à celui de l’enfant dont ils avaient fait un honnête homme.

Cependant, sur la sente inclinée, Jean avait fait du chemin. Il arrivait à la hauteur des buissons qui masquaient l’embuscade.

Soudain un cri guttural le fit tressaillir.

Mais, avant qu’il eût pu se mettre en défense, des sifflements étranges passèrent dans l’air, et il sentit des liens inflexibles s’enrouler autour de son corps, le réduisant à l’immobilité.

Les bandits avaient lancé leurs lassos (cordes terminées par une masse pesante, que les coureurs des llanos et des pampas jettent à distance).

En un instant, il fut enlevé de son cheval, porté près du barrage de la mine ; son cheval fut entravé auprès de lui.

L’homme et l’animal devaient disparaître dans la