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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/221

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LES SEMEURS DE GLACE

crée, continua la prêtresse avec fermeté, serait, non me sauver, mais me perdre l’honneur.

Stella courba le front.

Emportée par son affection, par la mystérieuse attraction que son amie exerçait sur elle, elle avait été sur le point de se trahir.

À son mutisme Ydna se méprit et d’un ton radouci :

— Laissons cela. Je ne compte plus, moi ; parlons de toi.

— En parlant de toi, soupira Mlle Roland, je crois parler du meilleur de moi-même.

— Chut ! mademoiselle.

Et taquine, Dolorès ajouta :

— Vous me paraissez oublier un peu M. l’ingénieur Jean Ça-Va-Bien.

Une rougeur ardente monta aux joues de l’interpellée. Dans les ténèbres, la prêtresse ne pouvait voir cet aveu d’émotion, mais sans doute elle le devina, car elle reprit :

— C’est un chef indien de bonne mine.

La petite main de Stella s’appliqua sur ses lèvres :

— Méchante…

Tendrement, Dolorès Pacheco écarta ce bâillon frissonnant et avec une caresse dans la voix :

— Non, pas méchante, je veux seulement te rappeler qu’auprès de lui, auprès de ta sœur retrouvée, tu auras le bonheur ; qu’il faut songer à l’assurer, et, pour cela, ne pas te dépenser en efforts inutiles pour ressusciter ce qui est mort à jamais.

Puis persuasive :

— Demain, nous quitterons cette Botearia. Dans quelques jours, notre bateau remontera le cours de la rivière Juara, près de la source de laquelle est Incatl, et pour toi, ma sœur, avant de rentrer dans le sein de l’éternelle lumière, je lirai les archives du temple. Je saurai laquelle des servantes du Soleil est celle que