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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/248

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À l’extrémité du couloir du premier étage, il s’arrêta devant la porte ornée du numéro 4 et frappa légèrement.

Pas de réponse.

— Elles dorment sans doute ; la fatigue a eu raison de leur volonté.

Il frappa plus fort. Le silence persista.

Une sourde inquiétude commença à se faire jour dans l’esprit de l’ingénieur.

— Est-ce qu’on les aurait tuées pendant mon absence ?

Ses cheveux se hérissèrent sur son crâne à cette pensée. Son regard parcourut la surface de la porte close. Soudain, il eut un cri :

— La clef est restée dans la serrure !

Une seconde d’hésitation, puis sa main se crispa sur la clef et la tourna.

Le battant s’ouvrit lentement en grinçant sur ses gonds. D’un bond, Jean fut au milieu de la pièce et demeura stupéfait. La chambre était vide, mais tout portait les traces d’une lutte récente.

Les chaises renversées, les moustiquaires arrachées, disaient que les jeunes filles s’étaient courageusement défendues contre ceux qui les avaient attaquées.

— Disparues, enlevées ! Par qui ? Par qui ?

Mais, prenant brusquement son parti, redevenant, par un héroïque effort de volonté, maître de lui-même :

— C’est lui, ce sont ses bandits, parbleu ! Lui mort, les autres ne sont plus à craindre.

Son visage contracté se détendit, la confiance lui revenait.

— Allons, nous les délivrerons bientôt.

Après un dernier regard circulaire, il quitta la chambre et rejoignit au rez-de-chaussée Crabb et Candi, qui choquaient amicalement leurs verres emplis de cognac.

En quelques mots il les mit au courant de l’aventure.

Tous deux partagèrent son avis.

— Morte la bête, morto lé venin, déclara senten-