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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/249

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cieusement Candi. Lé signore Olivio a rendu sa belle âme à Dio… lé reste n’est pas bien grave.

Presque rassuré maintenant, Jean s’assit à côté d’eux.

Les minutes s’écoulaient. Le quart d’heure, nécessaire au relèvement de la température dans une salle transformée en glacière par l’éclatement d’une ampoule, se passa.

— Il est temps ! s’écria l’ingénieur.

— Ze le crois, figlio.

Tous se portèrent vers l’entrée du réduit d’Olivio.

Avec un sourire, Candi fit tourner le battant et du ton le plus aimable :

— Entrez, signore, entrez. La vue n’en coûte rien.

Par la baie ouverte s’exhala une bouffée d’air frais comme celui qui s’échappe d’une cave.

Mais Jean, qui s’était avancé sur le seuil, demeurait immobile, terrifié.

La pièce ne contenait aucun habitant. L’ampoule de cristal avait éclaté dans le vide !

Candi et Crabb, qui suivaient, le sourire aux lèvres, n’étaient pas moins stupéfaits.

Diavalo ! grommela le premier.

— Une vilaine surprise, appuya le second.

— Le signore a disparou !

— Et s’il apprenait notre conduite ?

— Zé né donnerais pas oune centésimo dé nos têtes, caro !

Jean avait entendu. Il se retourna, les sourcils froncés, l’œil sombre.

— Si vous avez peur, abandonnez-moi. Je lutterai seul contre ce misérable… Si je succombe, vous verrez comment savent mourir les honnêtes gens !

Les deux hommes frissonnèrent sous l’injure. Ils se redressèrent d’un même mouvement, avec un juron :

Per Bacco !

By God !

— Candi né connaît pas la peur !

— Crabb pas davantage !

— Et si nous avons peur, figlio, c’est uniquement pour toi.