Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prendre quelle était la profession de ceux auxquels il devait l’instruction, l’honneur, la droiture.

La réponse placidement cynique de l’Italien lui avait tout dévoilé.

— Reste près de moi i redit-il.

Mais Candi se retourna et avec une tristesse poignante :

— Jé souis pas digne, povero, pas digne… Adieu… sauvé-toi.

Sa monture lancée à un galop furieux l’emporta vers ses compagnons, qui déjà avaient traversé le pont de bois et filaient à toute bride vers l’Est, escaladant en diagonale la pente du morne Rouge.

Durant quelques secondes Jean demeura abasourdi, ses yeux se portant alternativement sur Candi qui s’enfuyait, sur l’habitation du morne Rouge.

— Parbleu ! grommela-t-il, mes amis ont eu la main heureuse en me choisissant un sobriquet, Ça-Va-Bien… Certes, ça va bien… Ceux auxquels je dois tout, ceux que j’aime, doivent me faire horreur, car ce sont des bandits…, qui ont préparé un cataclysme, qui ont préparé la mort de cette inconnue.

Il eut un geste violent.

— Une demi-heure…, peut-être pourrait-elle être sauvée !

Il regarda sa montre.

— Une demi-heure, j’exagère… il reste vingt-cinq minutes.

Et avec un sourire : 

— Je vais presque sûrement à la mort… Bah ! cela ennuiera mes pères adoptifs…, ce sera leur punition… Ça-va-bien !

Le ton était léger, l’intrépidité railleuse… Ça-Va-Bien méritait de nouveau son sobriquet.

Sa résolution prise, il ne tergiversa pas davantage.

Tout là-bas, à l’Est, les bandits s’enfonçaient dans une avenue tracée au milieu de plantations de ca-