Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eféiers, dont les feuillages devaient leur masquer la sente du mont Pelé. Donc, aucune inquiétude de ce côté.

Jean enfourcha sa monture, rassembla les rênes, et, au risque d’une chute dangereuse, se lança à toute vitesse vers les berges de la rivière Blanche.

Avec un fracas de tonnerre, les sabots du cheval frappèrent le tablier du ponceau ; sans ralentir l’allure de l’animal, l’éperonnant au contraire, le cavalier escalada les rampes du morne Rouge.

En quelques minutes, il se trouva devant l’habitation silencieuse, devant cette fenêtre au store doré, où immobile, telle une statue, la jeune fille était toujours plongée dans le sommeil.

— Mademoiselle ! appela Jean.

Pas de réponse.

— Mademoiselle ! répéta-t-il plus fort.

Même silence, même immobilité. Du coup, son sang-froid s’évanouit.

— Les minutes sont des siècles, gronda-t-il, tant pis ! Et d’une voix rugissante :

— Holà ! Hé !… Quelqu’un !… Il faut fuir si vous tenez à la vie.

L’écho lui renvoya ses paroles, mais la dormeuse ne bougea pas, mais aucun mouvement ne se produisit dans l’habitation.

Alors le jeune homme n’hésita plus. Sautant à terre, il enjamba la fenêtre basse et regarda autour de lui.

Il se trouvait évidemment dans la chambre de la jeune fille. Le lit avec la moustiquaire blanche, la toilette de marbre blanc, la table à ouvrage en bois de rose, les mille petits objets familiers groupés sur les meubles, accrochés aux parois, disaient la présence assidue d’une virginale enfant.

Une émotion envahit le voyageur. Il n’osa pas secouer la dormeuse pour lui rendre l’usage de ses sens.