Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/252

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fleuve. Ne marchande pas sur le prix. On conduira la pirogue sur le Jurua, aux environs d’Amacenas ; car j’ai une caisse pleine encore d’ampoules bleues.

— Une caisse ! clamèrent les deux hommes…  Alors, Olivio n’a qu’à bien se tenir.

Candi courait déjà vers la porte.

— Zé vais voir les bateliers. Zé connais oune cachette pour les bagages. Ze la leur indiquérai.

Cinq minutes après il rentrait.

— C’est fait… Les Indiens partent dé souite.

— De suite ?

— Oui, figlio, c’était pour toi. Zé n’ai pas marchandé. Toutta la ceintoure du povero dé ce soir y a passé.

À ce moment même, une mélopée traînante s’éleva, venant de la direction du fleuve.

— Et ténez, les voilà qui sé mettent en route.

Tous trois s’élancèrent vers la porte. Déjà, à l’orée de l’anse de la Botearia, une tache noire se mouvait sur les eaux.

— La pirogue ! indiqua Candi.

Elle se déplaçait rapidement. Bientôt elle atteignit le milieu du fleuve, évolua et se prit à remonter le courant. Quelques minutes encore, et elle disparut derrière les arbres couvrant la rive.

Alors, Jean s’écria :

— À notre tour !

— Nous allons ?…

— À Amacenas.

— Pourquoi nous n’avons pas pris lé bateau ?

— Parce qu’il lui faudra quinze jours pour remonter le Jurua, et que, par terre, une semaine nous suffira.