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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/27

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— Mais elle n’est pas seule Ici, reprit-il. Je trouverai quelqu’un.

Une porte s’ouvrait en face de lui. Il la franchit et se mit à parcourir la maison.

Dans un salon, trois jeunes gens étaient assis autour d’un guéridon supportant des tasses vides, une théière et une assiette à demi pleine de « rôties ».

— Messieurs ! appela Jean.

Mais une sorte d’effroi le saisit, en constatant que ceux-ci étaient aussi insensibles à son appel que l’aimable mignonne qu’il venait de quitter.

— Messieurs ! messieurs ! redit-il d’une voix étranglée.

Rien !

— Ah çà ! c’est le château de la Belle au bois dormant…

Et par réflexion :

— Après tout, ceux-ci sont des hommes… Rien ne s’oppose à ce que je les bouscule un peu.

Il ponctua sa phrase en donnant une bourrade au dormeur le plus proche.

Le personnage vacilla sur sa chaise et s’abattit sur le plancher avec un bruit mat, mais il ne se réveilla pas.

Jean était brave… Pourtant ses cheveux se hérissèrent sur sa tête. Cette maison, où tout semblait mort avec l’apparence de la vie, prenait à ses yeux quelque chose de surnaturel et de fantastique.

Il n’osa pas renouveler l’expérience et, avec de grands cris, continua son inspection.

— Au secours ! À moi ! Au secours ! lançait-il de toute la force de ses poumons.

Mais ses appels s’éteignaient dans le vide. Durant dix minutes, il erra ainsi, effaré, clamant… L’étrange sommeil se présentait seul à sa vue.

Dans les ateliers, une douzaine d’ouvriers assis, accroupis, étendus à terre, dormaient.

Dans un laboratoire, au milieu de cornues, d’éprou-