Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trons, Muller et Muller, sont colossalement riches ; ce serait péché de dépouiller un honnête señor en leur faveur ; nous vous prierons seulement de doubler notre commission personnelle. Comme cela, notre maison au bord de l’Elbe sera tout à fait confortable, et vous n’y serez pas trop de votre poche.

Du coup, Olivio tendit la main au courtier.

— señor, vous êtes aussi désintéressé qu’habile, et je vous suis tout acquis.

Cette fois, le Brésilien était sincère.

Il ne songeait plus à faire assassiner ses hôtes à la Botearia de Teffé.

Non, ces hommes étaient des bandits de sa trempe, mais dans la circonstance, ils montraient une sorte de confraternité qu’il fallait payer de retour.

Et puis, au fond des plus nobles pensées, il se trouve un brin d’égoïsme. Olivio commençait à avoir un peu peur de ses alliés, et il se disait que, si jamais il les avait à dos, ce seraient de terribles adversaires à combattre.

À ne rien celer, le claudicant personnage lui apparaissait un peu comme un diable. Les superstitions locales aidant, le señor de Avarca eût vu, sans étonnement, le courtier cracher des flammes, ou sortir de son brodequin un pied fourchu.

Il ne fallait rien moins que la face rieuse du Marseillais, pour empêcher les idées de ce genre de se développer dans le cerveau de l’haciendero.

Tous trois arrivèrent à la porte de la prison des jeunes filles.

— Vous m’attendez ici, proposa Olivio.

Alcidus haussa les épaules :

— Si cela vous plaît. Pourtant, à mon estime, il serait préférable…

— Dites toute votre pensée.

— Que je vous accompagne.

On est plus fort à deux que tout seul. Parfois un peu d’aide fait grand bien.

— Allez-vous me réciter tous les proverbes ?

— N’en dites pas de mal, meinherr Olivio. Il en est que les sages devraient encadrer dans des montures ornées de brillants.