Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Peuh ! Si cette mode venait, les dames se feraient des colliers de proverbes.

— Scipion nous attendra ici. Il vous tiendra compagnie tout à l’heure.

— Vous dites ? s’écria le bandit

— Que probablement je devrai vous prier de me laisser opérer seul. Vous êtes nerveux, soit dit sans vous offenser ; la nervosité vous enlève une partie de l’influence que vous pourriez avoir sur l’esprit des petites fraülen (jeunes filles).

— Je ferai ce que vous voudrez ; je me confie à vous.

Puis, très aimable, Olivio conclut :

— Entrez donc, señor Alcidus ; je n’ai rien à refuser à un ami de votre adresse.

Il avait ouvert la porte. Tous deux pénétrèrent dans le sous-sol ; Scipion, lui, reprit sa promenade dans la galerie.

Si de Avarca n’avait pas eu la vue troublée par le passage brusque de la lumière crue à la pénombre, il eût certainement remarqué l’émotion qui agita le boiteux.

Mais quand ses yeux se furent accoutumés au clair obscur, l’Allemand avait repris son flegme et promenait un regard insouciant sur toutes choses.

Olivio lui fit un signe. Il eut l’air de lui dire :

— Voyez avec quel tact j’engage la conversation. Puis, s’inclinant devant les jeunes filles avec la souple élégance qui semble l’apanage des métis hispano-portugais :

— Señorita, Stella, señorita Ydna, recevez les respects du plus humble et du plus obéissant de vos serviteurs.

Il se redressa, satisfait de lui-même, caressant de la main sa barbe soyeuse.

Stella n’avait fait aucun mouvement. La prêtresse d’Incatl, elle, toisa l’aventurier avec un souverain mépris, et d’un ton dédaigneux :

— Aimable serviteur, en vérité, qui arrête des femmes sur les grandes routes et les prive de la lumière du soleil.