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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/297

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Le chef des compagnons du Poison Bleu eut un mouvement d’impatience :

— Les injures ne changeront rien. Vous auriez avantage à vous soumettre de bonne grâce.

— M’unir à vous, dont la main est tachée du sang des miens ; j’aime mieux la mort, tuez-moi !

— Vous, non, señorita ; vous êtes trop jolie pour cela ; mais si vous persistez dans cette ridicule résistance, une autre périra.

— Une autre ? balbutia la jeune fille.

— Oui.

— Et quelle autre doit expier mes actes ?

— Elle est près de vous.

— Ydna.

— Vous l’avez nommée.

Dans un élan furieux, Stella étreignit la prêtresse sur sa poitrine.

— Misérable. Tu te trompes, tu ne l’arracheras pas de mes bras. Pour nous séparer, il faudra nous tuer toutes deux.

Un ricanement du Brésilien fit tomber cette fougue.

— Je vous comprends, reprit Stella avec un accent découragé. Vous avez de nombreux complices ; que peuvent de malheureuses captives contre des infâmes !

— Justement raisonné, souligna le señor.

Le boiteux avait glissé rapidement les doigts sous ses lunettes. On eût cru qu’il essuyait une larme.

Tout à coup, l’expression du visage de Mlle Roland se métamorphosa :

— Vous pouvez nous séparer, fit-elle d’un ton résolu.

— Je le crois.

— Vous pouvez encore nous torturer, nous assassiner, comme ceux qui dorment là-bas, sous les laves du Mont-Pelé.

De Avarca fit la grimace, mais ne répondit pas.

— Pourtant, si grand que soit votre pouvoir, il se brisera contre ma volonté. La mort soit ; le mariage, jamais !