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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/299

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avant dix minutes, je me fais fort de les avoir décidées à accepter tout ce qu’il vous plaira.

— Que ferez-vous ?

— Ceci est mon secret

— Oh ! un secret entre nous.

L’Allemand frappa amicalement sur l’épaule de son interlocuteur : 

— Mon moyen me constitue une supériorité sur vous ; si je vous le révèle, adieu cette supériorité, que je tiens à conserver jusqu’à ce que nous ayons traité.

— Oh ! à présent ne sommes-nous pas d’accord ?

— En principe, meinherr, en principe ; nous n’avons pas signé. Or, ce qui n’est pas fait, reste à faire. Encore un proverbe, je vous demande pardon. Aussitôt que l’affaire sera terminée, je ne célerai plus rien ; vous vous étonnerez de la simplicité du moyen.

Et souriant :

— C’est l’œuf de Christophe Colomb, un œuf que l’on ne saurait rappeler avec plus d’à-propos qu’en Amérique. Il fallait le trouver.

Il poussait doucement le Brésilien vers la porte.

— Allons, vous m’accordez dix minutes ?

Quoi qu’il en eut, Olivio comprit qu’il n’était pas en posture de résister. Le temps pressait.

Si son frère Pedro arrivait avant que Stella eût consenti, il était perdu.

Car le gouverneur, doux, conciliant et un peu faible en face des questions ordinaires de l’existence, devenait intraitable dès que l’honneur était en jeu.

S’il soupçonnait seulement les manœuvres d’Olivio, il n’hésiterait pas à punir. Dans son frère, il ne verrait plus que le criminel. Et le criminel serait remis aux mains des juges.

Le mieux était de céder à la prétention de l’Allemand. À part lui, d’ailleurs, l’haciendero songea que, peut-être, il réussirait à faire parler l’associé resté dehors. 

Cet homme brun, avec son accent méridional, sa verve gouailleuse, ne serait sans doute pas aussi fermé que le flegmatique boiteux.

Aussi, rappelant le sourire sur ses traits :