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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/302

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Stella s’était redressée. Toute sa personne exprimait l’invincible répulsion. Le faux Alcidus mu » mura seulement :

— Obéissance absolue, aveugle.

Elle se calma, mais protesta encore :

— Accepter est horrible.

— Qu’importe si le mariage n’a pas lieu.

— Mais sourire à ce meurtrier, recevoir ses hommages, serrer sa main sanglante.

— Voulez-vous vaincre ?

— Certes !

— Alors videz courageusement la coupe amère, jusqu’à la lie.

Et tout bas :

— Croyez-vous donc que je ne souffrirai pas mille morts, moi qui assisterai, le sourire aux lèvres, à l’étalage pompeux de son bonheur supposé ?

— Oh ! oui, supposé, dit-elle avec élan ; car mon cœur est tout entier à…

Il trancha la phrase commencée :

— Votre cœur, Stella, est pur comme le cristal. Il est tout entier au souvenir de votre père, de vos frères.

Mais changeant de ton :

— Je serai là, toujours. Je veillerai sur vous, et quand vous pourrez cesser la répugnante comédie que je vous impose avec désespoir, je vous préviendrai.

— Que ferez-vous donc ?

— Je vais vous le dire.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Sous la véranda, au fond de laquelle s’ouvrait le cachot des prisonnières, Olivio avait retrouvé Scipion Massiliague.

— Vé, mon bon, vous voilà !

C’est par ces mots, empreints de sa familiarité habituelle, que le Provençal l’avait accueilli. Et comme l’haciendero répondait seulement par un signe de tête :

— Pécaïre, continua Scipion ; vous avez avalé votre langue.

— Non, ce n’est pas cela.