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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/306

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bestiole est spleenitique, troun de l’air. Elle a pas l’entrain, le brio, le diable au corps de nos pastours de l’Esterel. Eh ! donc.

Et comme le moral, il influe sur la santé, pas vrai ? les moutons de Caïus, ils étaient durs autant que si leur chair avait été une carcasse. C’étaient des côtelettes de pierre et des gigots de fer forgé. Alors, tu vois la chose, bravounette ?

On a beau avoir, sur la Cannebière, des dents esseptionnelles, des dents à croquer la boule terrestre, avec ses montagnettes et ses volcans, on aime ses aises, bagasse, et l’on préfère la viande tendre à la réjouissance.

Olivio se laissait entraîner par son interlocuteur qui, tout en parlant, se promenait de long en large, ayant soin de maintenir toujours son compagnon à distance respectueuse de la porte du sous-sol affecté au logement des captives.

La volubilité de Scipion causait au bandit une sorte de vertige.

Il ne résistait pas, et ses idées, fouaillées par la verve du Méridional, cavalcadaient dans son crâne en un galop de chevaux sauvages poursuivis par le gaucho.

— Eh bien, ma caille, reprit imperturbablement Scipion… dans telle situation, tu vois pas de remède. Tu te dis : Té, ce pauvre Caïus, il est flambé… Tu erres, petit, tu erres dans le désert de l’hérésie.

Alcidus se trouvait à Marseille ! Il eut vent de l’aventure. Ce couquinasse, il a vent de tout, et tout en boitant, il se rendit chez Caïus Boudiliasse.

« — Je te salue, Caïus, dit-il.

L’autre, avec politesse, répondit :

« — Je te salue aussi, Moussou que je ne connais pas.

« — je suis venu pour que tu me connaisses, mon agnelet.

« — Vraiment ?

« — Et pour faire avec toi une bonne affaire, donc !

Caïus devint attentif.

« — As pas pur, pitchoun, et surtout n’ouvre pas