Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivait pas les méandres capricieux de la galéjade improvisée par le Méridional.

Il réfléchissait.

De même que tous ceux dont la conscience est trouble, il avait peur des choses incompréhensibles pour son esprit.

Le calme d’Alcidus, la gaieté de Massiliague, l’autorité tranquille de leurs affirmations, la protection mystérieuse et inexplicable qu’ils étendaient sur lui, ne rassuraient Olivio qu’en partie. Pour un peu, il eût avoué qu’il craignait d’avoir rencontré des maîtres.

À deux reprises, il s’était arrêté près de la porte close, mais chaque fois, son compagnon, le bras passé familièrement sous le sien, l’avait forcé à reprendre la déambulation.

Chaque fois, dans son mouvement de va-et-vient, il se rapprochait de l’entrée du sous-sol, il prêtait l’oreille, cherchant à percevoir un son, deviner la scène qui se passait derrière le panneau de bois de fer.

Aucun bruit ne parvint jusqu’à lui. Et cependant sa destinée se jouait en ce moment

Si Noguer échouait, c’en était fini de son existence insolente de grand seigneur, aux prodigalités alimentées par le crime inavoué. Pedro de Avarca serait sans pitié.

Ah ! ces dix minutes demandées par l’Allemand, combien elles parurent longues au chef des compagnons du Poison Bleu.

Elles s’écoulèrent pourtant. Au moment précis où l’aiguille marquait sur le cadran l’expiration de la dixième minute, Massiliague appuya sa main sur l’épaule de son compagnon.

— Les dix minutes sont passées, mon bon, je te rends la liberté.

Et comme le bandit paraissait hésiter, se demandant tout bas s’il ne devait pas attendre que le boiteux reparût, Scipion ajouta :

— Entre, pitchoun, entre. Mon associé, il a dit : dix minutes, et il est un chronomètre pour l’essactitude.