Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nas ; du señor Marrini, l’avocat célèbre ; du général Bollina, commandant les milices, des juges Arichiza, Mondoni, Tarridao, Flourine ?

— Ma foi non, mon frère. J’ai supposé qu’étant en tournée officielle, la présence de tous ces fonctionnaires vous était utile.

— Et mon escorte de deux cents lanceros (cavaliers armés de la lance) ?

— Le llano, la forêt, sont parcourus par des Indiens pillards. Il est bon de leur pouvoir opposer des forces suffisantes.

— Non, mon frère, ce n’est pas cela. En m’entourant d’un pareil déploiement militaire, je ne songeais pas à ma sûreté.

— Et à quoi donc, je vous prie ?

Pedro de Avarca se recueillit un instant puis d’une voix douce :

— Olivio, vous savez que je vous aime. Votre aîné par l’âge, je suis de ce fait le gardien de l’honneur de votre nom.

Olivio s’inclina et flatteur :

— Il est en bonnes mains. Je suis certain qu’il ne périclitera pas.

Un éclair zébra les prunelles du gouverneur.

— Non, certes, il ne périclitera pas, redit-il avec force. Car, à l’occasion, dussé-je me déchirer le cœur, j’appliquerais sans hésitation la devise de notre maison, cette devise importée en Amérique par les Avarca de Porto, lors de la conquête.

Et, d’une voix vibrante, il ajouta :

— Devise terrible, mais droite, mais noble entre toutes, car elle règle la vie d’un gentilhomme : Avec honneur, vis ; sans honneur, meurs.

Olivio salua de la tête et d’un ton pénétré :

— Je l’aime comme vous, cette fière devise. En preuve, voyez sur cette cheminée : elle est gravée autour de notre écusson, afin que je l’aie toujours sous les yeux.

— L’avez-vous toujours présente à l’esprit, Olivio ?

La question voulait être sévère. Elle n’était que douloureuse. On sentait que le gouverneur arrivait à la partie pénible de l’entretien.