Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Olivio ne s’y trompa pas. Aussi fût-ce d’un ton piqué qu’il répondit :

— Tout autre que mon frère aîné se repentirait d’avoir prononcé ces paroles.

— Ah ! soupira Pedro, si vous lisiez dans mon âme, vous verriez combien je souhaite vous trouver innocent !

Le bandit prit un air de dignité blessée.

— Innocent ?… Suis-je donc accusé ?

Pedro baissa les yeux :

— Oui.

— Accusé, moi ; et sans m’entendre, sans me faire connaître l’infâme qui ose m’attaquer, vous me jugez ?

Le gouverneur releva la tête. Toute la noblesse de son caractère vibra dans sa réponse :

— Le premier de l’État de Amazonas, je dois donner l’exemple du respect de la loi. L’accusation a été publique. Tous ceux qui m’accompagnent l’ont entendue. Suivant l’usage du pays, tous seront appelés à prononcer la sentence.

— La sentence ? Vous me déférez à un tribunal, mon frère.

— Qui s’assemblera demain.

Olivio se laissa tomber sur un Siège et se voila la figure de ses mains. Son frère crut qu’il pleurait.

Il se méprenait. Le chef des compagnons du Poison Bleu cachait simplement le sourire ironique qui, en dépit de ses efforts, convulsait ses traits.

Après un moment de silence, les mains retombèrent. Olivio montra un visage triste et digne :

— Mon frère, dit-il avec soumission, je ne récrimine pas contre ce que vous avez décidé. Je me souviens que jadis, dans un élan généreux, mais irréfléchi, j’envahis le temple d’Incatl, pour m’emparer des trésors qui y sont accumulés et en faire don à ma patrie. Je sais que ce sanctuaire, étant établi en territoire péruvien, le gouvernement du Pérou réclama enquête et dommages-intérêts. Il y eut pour vous ennuis multiples, excuses à présenter, somme considérable à payer, dont vous prîtes la plus grosse part sur votre fortune personnelle, afin de me dérober au