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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/315

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ressentiment de la Chambre législative. Ce souvenir a altéré votre foi en moi. Une accusation a trouvé le chemin de votre esprit. Soit ! J’espère que je n’aurai pas de peine à démontrer mon innocence. Ce que je réclame de votre affection est bien peu de chose. Dites-moi seulement de quoi l’on m’accuse.

Tout cela avait été débité avec la réserve, la résignation, d’un homme injustement atteint par le soupçon. Olivio était un grand comédien. Ses facultés de ruse se décuplaient de l’appui d’une instruction solide et étendue.

Pedro fut dupe de sa feinte douleur. Il lui tendit les bras, et le pressant sur sa poitrine :

— Ah ! mon pauvre Olivio, quel plaisir vous me faites en parlant ainsi. Si vous saviez ce que j’ai souffert, depuis que la voix accusatrice s’est élevée contre vous !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le lendemain était venu.

— On va juger le señor ?

— Il paraît

— Qu’a-t-il donc fait ?

— Je n’en sais rien.

— Que peut-on reprocher à un homme aussi généreux ?

— Ah ! les bons maîtres ne sont pas assez rares, il faut encore que l’on attaque ceux qui traitent bien leurs serviteurs, et leur permettent d’acquérir une petite aisance pour la vieillesse !

— Pourquoi supportons-nous cela ?

— On devrait chasser ces juges à coups de rotin !

— Les pendre !

— Les poignarder !

Ces répliques grondaient dans la masse des peones (ouvriers agricoles) et des domestiques, rassemblés dans la cour de l’hacienda, en face des croisées largement ouvertes du salon de réception, en ce jour transformé en tribunal.

Au fond de la vaste salle le gouverneur, ayant à sa droite le judice geral, à sa gauche le général Bollina, était assis face aux fenêtres.

L’avocat Marrini avait pris place auprès du juge