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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/322

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Un frisson parcourut l’assistance. Tous se regardèrent avec anxiété.

Mais aucune voix ne répondit.

— señor Jean ! répéta le gouverneur.

Même silence.

— Pour la troisième et dernière fois, j’invite le señor Jean à venir appuyer ses dires devant le tribunal.

Toujours rien. Un organe sonore prononça entre haut et bas :

— Peut-être ne juge-t-il pas encore le moment utile.

C’était Alcidus Noguer qui livrait cette remarque à la publicité.

— Eh ! bagasse, cela peut être, mes agnelets, appuya Scipion.

Des rires contenus saluèrent cette intervention.

Pedro, lui-même, participa à l’hilarité générale. Mais, reprenant avec effort l’apparence grave, seule convenable chez le président d’un tribunal, il s’adressa à Stella :

— Et vous, señorita, n’avez-vous rien à ajouter aux explications du señor Olivio ?

Stella se dressa toute droite. Elle était d’une mortelle pâleur. Un instant, ses regards se fixèrent sur Alcidus, puis d’une voix rauque, elle jeta ce seul mot :

— Rien !

Des applaudissements éclatèrent parmi les peones.

Personne ne songea à les réprimer, et, dans le silence qui suivit, le gouverneur, après avoir consulté à voix basse les membres du tribunal, rendit cette sentence :

— Ouï le récit du prévenu Olivio de Avarca, le renvoyons des fins de la plainte.

Le prévenu salua, et du ton le plus aimable :

— Je suis donc libre, mon frère. Plus aucun soupçon… volcanique ne pèse sur moi ?

— Aucun.

— Alors je puis prier ces señores, et vous-même, de vouloir bien honorer de votre présence le dîner de mes fiançailles, qui sera donné ce soir.