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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/331

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qu’ils étaient. Le sentiment du bien et du mal dormait en eux.

Et alors il se passa une chose grotesque et sinistre.

Tous passèrent leurs mains dans leurs cheveux, cherchant à établir l’ordre dans le fouillis de leurs chevelures hirsutes. D’aucuns frisaient leurs moustaches raidies par l’alcool, ajustaient leurs vêtements. Certains même, tirant de leurs guenilles des fragments de miroirs, s’y considérèrent avec des sourires satisfaits.

Les drôles se pomponnaient avant de se présenter devant celle dont ils allaient briguer la main.

Au reste, ces préparatifs furent brefs. Bientôt tous se regardèrent, puis avec un ensemble menaçant, leurs yeux convergèrent sur Crabb et Candi, toujours debout sur la trappe dallée. La trêve de la coquetterie était expirée.

— Allons, gronda Tomaso, engageant l’action, hors de là, vous autres !

Son poing se tendait en même temps vers les deux amis.

Pour toute réponse, ceux-ci levèrent leurs revolvers, présentant les canons d’acier à leurs complices.

Un silence lourd suivit ce geste, puis l’organe rude du géant sonna de nouveau dans le hall.

Eh ! diavolo, va-t-il falloir casser ces braves amis ?

— Oh ! il faudra, riposta doucement Candi. Z’ai promis au signor Olivio de veiller sour la signorina, et Candi n’a qu’ouné parole.

— Il en a deux, par l’orteil de Satan, fit rageusement Crabb. Il a le sien de parole d’abord, et puis le mien, ensuite.

Tomaso eut un rire mugissant.

— Amigos, quand les chiens hurlent, que fait-on ?

— Bon, on leur impose silence.

— Avec six pouces de fer.

Et faisant un pas en avant :

— Vous entendez, rascals.

Candi salua.

— Z’entends, Tomaso. Z’entends puisque mes oreilles, elles sont en bon état. Zé dévirte qué nous