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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/332

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serons pas les plus forts. Ma, zé devine également que le signor Olivio, il venzéra lou trépas dé ses fidèles serviteurs.

Puis avec décision :

— Mainténant, assez dé conversazione. Nous céderons pas, et si nous tombons, zé vous garantis que nous serons pas les soli (seuls).

Ce disant, l’Italien et son inséparable se mirent en défense.

Une tempête d’injures passa dans l’air. La résistance des deux hommes exaspérait les bandits surexcités, dont les cerveaux, surchauffés par la boisson, n’admettaient plus aucun raisonnement.

Des cliquetis d’acier se firent entendre. Des navajos brillèrent dans les mains crispées, lançant des éclairs bleuâtres, nés de la rencontre des rayons lumineux avec leurs lames polies. Le combat allait s’engager, quand brusquement la porte du hall s’ouvrit et un organe sonore jeta ces paroles :

— On se dispute, mes colombes. Vé, monsou Olivio, il a eu du nez de m’envoyer pour calmer les agités.

C’était Massiliague.

Usant de la permission, sollicitée par lui, de s’abstenir de paraître au repas de fiançailles, afin de respecter une dyspepsie occasionnelle, le digne Marseillais avait dirigé sa promenade du côté du kiosque Rouge.

Le vacarme avait attiré son attention.

S’approchant de la porte, il suivait depuis un instant la querelle, quand il jugea le moment venu de se montrer. Son apparition inattendue, son envoi supposé par Olivio stupéfièrent les bandits. Quant à Scipion, il désigna Tomaso.

— C’est ce couquinasse qui a causé le tapage, hé donc ?

Toutes les têtes affirmèrent.

— Parfait ! son affaire est claire.

Le Provençal leva le bras. Tous entrevirent son revolver braqué sur le géant.

Une détonation sèche éclata, et Tomaso, étendant les bras, s’affala sur le dallage, un trou sanglant au milieu du front.