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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/333

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— Là, continua imperturbablement le Méridional. Avisse aux tapageurs.

Et dédaigneux :

Povres potofios (pauvres lourdauds), tu n’as pas pensé que le noble Olivio, il est un savant, pécaïre ; et que, à cinq kilomètres, il entend tout ce qui se dit et se fait ici, comme s’il y était en personne.

Nul ne songea à contester cette audacieuse affirmation, née, on le devine, de l’imagination primesautière du Marseillais.

Les bandits semblaient frappés de stupeur.

— Bé, mes cailles, je veux pas être un trouble-fête. Vous buviez, mes antilopes, continuez. La santé du señor Olivio vaut bien que l’on vide quelques bouteilles, bon dieou !

Comme se rappelant tout à coup un fait oublié :

— Pour vous, Candi, Crabb, le chef, il est content de vous. Ne gardez plus la trappe de la cave, c’est inutile ; aucun de ces braves garçons ne songe plus à l’ouvrir.

— C’est vrai ! c’est vrai ! clamèrent les assistants, retrouvant enfin la voix.

— J’en étais sûr. Je vous laisse vous rafraîchir.

Sur ce, il se retira noblement, accompagné jusqu’au seuil par les pères adoptifs de Jean Ça-Va-Bien, ce qui lui permit d’échanger avec ceux-ci les répliques suivantes :

— Pressez le mouvement.

Yes, sir.

Si, signore.

— Poussez-les à boire.

— Soyez tranquille.

— Je tremble que l’on vienne de l’hacienda avant que tout soit terminé.

— Nous allons mettre les verres doubles, signore.

— Faites, faites, notre existence est en jeu, ce qui est peu de chose ; mais il y a aussi celle de ces pauvres démoiselles, et, mille diables, je ne me consolerais pas s’il leur arrivait malheur.

Sur le seuil, il se retourna, adressa un geste