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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/334

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d’adieu aux bandits, puis sortit, laissant la porte retomber sur lui.

Alors Candi se pencha à l’oreille de Crabb :

— Tu as entendou, mio carissimo ?

Well.

— Il faut donc sans perdre oun instant…

— Rendre ces old fellows abominèblement dedans l’ivrognerie.

— Tou l’as dit, amico.

Puis souriants, engageants comme ne le furent jamais les plus enveloppants des aubergistes :

Amigos, commença l’Italien. Lou signor, il a dit de boire. Buvons à la santé du noblé signor Olivio de Avarca et à notre fortoune foutoure.

— Oui, oui, à Olivio ! à la fortune !

Tous avaient oublié la querelle passée, le cadavre de Tomaso gisant au milieu du hall.

Durant quelques minutes, on n’entendit que les glouglous des bouteilles se vidant dans les gobelets. Puis dans le silence un instant revenu, la voix de Candi s’éleva railleuse :

— Tomaso avait raison, il est bien de boire rasade à la santé d’une signora qui se trouve en face dé nous. Ma…

— Mais quoi ?

— Ce damné Candi a toujours des mais !

— Zoustifiés, mes zolis agneaux, zoustifiés, zé vous lé dis. Zé continoue donc : Signora vis-à-vis de vous, oune rasade. Ma, ce ridicoule Tomaso, il n’a pas su trouver ce qu’il faut faire quand on lui marche sour la tête à la signora commé nous en ce moment, et la Madone l’a prouvé, en loui faisant perdre sa propre tête.

La plaisanterie macabre n’amena sur les visages que des sourires.

— Que doit donc faire un caballero en pareil cas ? interrogea l’un des buveurs.

— Zé vais vous l’enseigner, mes parvuli ; si vous marchez sour la tête de la signora, oune rasade, elle né souffit plus.

— Oh ! yes, appuya Crabb, plusieurs rasades devenaient iouilles.