Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vive le lieutenant Candi ! rugirent les assistants.

Et, par trois fois, les gobelets se remplirent et se vidèrent à la santé de la captive.

Ce surcroît d’alcool parut avoir épaissi les langues. Le bruit diminua. Quelques bavards intrépides continuaient seuls des conversations que personne n’écoutait. Leurs camarades, les coudes appuyés à la table, demeuraient silencieux, dardant droit devant eux ce regard fixe et hébété de l’ivresse.

Candi examina avec soin les bandits, puis il fit un signe à Crabb. Tous deux, affectant un air indifférent, sortirent du hall.

Une fois dehors, l’Italien regarda autour de lui. Presque aussitôt, les branches d’un buisson voisin s’écartèrent, démasquant Massiliague. Candi s’attendait à cela sans doute, car il ne sourcilla pas, et prononça tranquillement :

— Zé crois que lé moment, il est vénou.

— Je crois ainsi que mon cher vieux garçon, appuya Crabb.

Scipion hocha la tête avec satisfaction et d’une voix brève :

— Alors à l’ouvrage !

Sur ces paroles, tous trois se glissèrent dans l’épais fourré qui encerclait le kiosque Rouge.

À quelques pas, une échelle était dissimulée dans les massifs.

Les bandits l’enlevèrent, chacun par une extrémité ; puis, toujours sous le couvert du taillis, ils se mirent en marche, suivis par le Marseillais.

Ainsi ils gagnèrent le côté du hall opposé à celui par lequel ils étaient sortis.

Parvenus en ce point, ils dressèrent l’échelle le long de la paroi. Elle était assez longue pour permettre d’atteindre la toiture. Ils se regardèrent, se serrèrent la main et avec un vague sourire :

— C’est l’ordre du chef de nous-mêmes.

— Nous obéissons au signor Olivio ; à plous forté raison, nous obéirons à notre Jean.

— Allez en haut, old boy.

— Zé vais, car tou mé souis, caro amico.

Tous deux eurent un sourire à l’adresse de Sci-