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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/339

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D’autres, le verre en main, n’avaient pas achevé de l’élever jusqu’à leurs lèvres.

Un autre encore, pétrifié au moment où il allait jeter les dés, restait là le cornet à la main ; mais ce cornet s’était ridé, recroquevillé, disant l’effroyable température subie.

Crabb et Candi s’attendaient à ce spectacle, nouveau pour le seul Massiliague.

Cependant tous trois en furent bouleversés, et il leur fallut un énergique effort de volonté pour résister à l’envie de s’enfuir.

— Non, s’écria Candi, répondant à sa pensée intérieure. Nous avons lé dévoir dé délivrer la signorina Ydna.

Il montra la dalle occupant le milieu du hall.

— Voici la trappe dou sous-sol. Allons, Crabb, à l’ouvrage, mio dolce, z’ai peur que lé diable dé Kasper né nous tombé sour lé dos.

— Oui, oui, hâtons-nous, appuya Scipion, rappelé par ces paroles au sentiment de la situation.

Dans un angle s’allongeaient des pieux de fer.

Les « pères » de Jean les saisirent, en introduisirent les pointes dans l’interstice, qui séparait la dalle de ses voisines, et, après quelques pesées, démasquèrent l’ouverture cachée jusque-là par le bloc de pierre.

— Vite, l’échelle ! murmura l’Italien.

Crabb se précipita ou dehors.

Quant à Candi, il se pencha au-dessus du trou :

— Signorina Ydna ! appela-t-il.

— Qui prononce mon nom ? demanda la douce voix de la prêtresse.

— Céloui que lé signor Jean envoie pour vous délivrer.

— Lui ! Oh ! merci ! Mais Ces hommes dont j’entendais les cris tout à l’heure ?

— Ils né crieront plous, signorina.

— Plus ? Voulez-vous dire ?…

— Que leur belle âme s’est envolée, signorina.

Dans le cachot souterrain, Candi perçut un léger cri, puis l’organe grave et doux de la prisonnière fit entendre ces paroles de miséricorde :

— Que le Grand Esprit, qui habite les palais d’or