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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/347

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pensée. Mais je veux taire acte de chevalier fidèle. Dans ce verre, je bois. Il joignit le geste à la parole.

— Je lui passe ma coupe, et je lui dis : Chère étoile de mon âme, buvez maintenant. Vous apprendrez ainsi que mon cœur est plein de vous.

Il avait poussé le verre devant Stella. Celle-ci devint horriblement pâle.

— Buvez, señorita, buvez ! clama-t-on à la ronde. À ce moment, Alcidus se leva et gagna la porte en boitillant.

Stella le suivit des yeux.

— Buvez, répétait-on, buvez.

Elle était livide, Un reflet sombre brillait sous ses paupières.

D’un geste automatique elle étendit la main, ses doigts se crispèrent autour de sa coupe. Elle l’éleva à hauteur de son visage en murmurant :

— Oui, il m’abandonne ; il n’a pas eu le courage ; je l’aurai, moi !

Il, c’était d’Alcidus, de Jean qu’elle parlait.

Mais elle se trompait en supposant que sa retraite provenait d’un défaut de courage.

Lorsque le chef des bandits avait formulé l’audacieuse proposition de faire boire Stella dans sa propre coupe, l’ingénieur avait compris, au tremblement subit de Mlle Roland, que, en dépit de sa volonté, elle n’aurait pas la force de sortir victorieuse de l’épreuve.

Il avait gagné le vestibule, la porte accédant au parc. Là, un homme se promenait de long en large devant la maison.

— Massiliague ! appela le faux Alcidus à voix basse.

— Me voici, mon bon, répliqua le promeneur.

— Ydna ?

— En sûreté, à Sao-Domenco, sous la garde de Francis, Pierre et Marius.

— Bien, allez les joindre. Qu’ils ne s’éloignent pas, au nom du ciel.

— Un nouveau danger ?

Avant que l’interpellé pût répondre, un brouhaha formidable éclata dans la salle à manger.