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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/348

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— Vous entendez ? bégaya Alcidus.

— Oui, qu’est-ce ?

— À cette heure, sans doute, Stella s’est trahie. Courez à Sao-Domenco, dites à vos amis, à Ydna, que toutes nos forces seront nécessaires pour la sauver. Allez, mais allez donc.

Il poussait le Marseillais. Celui-ci devina un fait de gravité exceptionnelle et se précipita en courant à travers le parc.

Que s’était-il donc passé ?

Tendant ses nerfs. Mlle Roland avait élevé sa coupe à hauteur de ses lèvres.

Mais soudain, elle se jeta en arrière, la face contractée par l’épouvante ; ses doigts se desserrèrent, et le fragile récipient de cristal tomba sur le sol où il se brisa en éclats.

Tous avaient suivi avec stupéfaction cette scène rapide.

— Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous ? Une indisposition ?

Stella éperdue, n’ayant plus conscience de ses paroles, oubliant le lieu où elle se trouvait, laissa tomber ces mots lugubres :

— Il y avait du sang, du sang à l’endroit où s’étaient posées les lèvres du meurtrier de mon père, de mes frères.

À cette violente accusation, Olivio lui-même pâlit. Le juge général, croyant devoir à sa fonction de tout comprendre, murmura aussitôt, d’un air entendu :

— Eh ! eh ! je me disais aussi, tantôt, au tribunal : il y a quelque chose de louche dans cette histoire.

Les juges adjoints prirent aussitôt des visages moroses.

Pedro lui-même, gagné par l’ambiance, fixa sur son frère un regard attristé.

Mais Olivio n’était pas homme à se laisser abattre ainsi.

Il releva la tête, promena sur ses convives un regard dominateur ; puis, se contraignant à sourire :

— Ma douce fiancée, commença-t-il, votre esprit a été vivement frappé par tous ces récits criminels, dont on nous a régalés aujourd’hui…