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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/349

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Il ne put continuer. La porte s’ouvrit violemment, et sur le seuil parut Kasper, affolé, les cheveux hérissés :

— Señor, señor, balbutia-t-il, un crime effroyable !

Tous sursautèrent. Dans l’état d’esprit où ils se trouvaient, l’annonce de Kasper les bouleversa.

— Un crime ?… firent-ils d’une seule voix.

— Un crime ?… répéta Olivio en rivant, sur son complice un regard perçant.

— Au kiosque Rouge, poursuivit Kasper, se trouvaient cinquante gambusinos ou chercheurs de diamants, auxquels le señor de Avarca avait permis de se réjouir.

— Oui, eh bien ?

— Tous morts, sans en excepter un seul.

Corpo di Bacco ! gémit Candi. Quand zé les ai quittés, ils étaient cependant en merveilleuse santé !

Mais il ne continua pas.

Stella s’était dressée toute droite, les yeux hagards, un flot de sang plaquant un ton rouge à ses joues.

— C’est la justice divine qui frappe, s’écria-t-elle d’une voix dont frissonnèrent les assistants ! D’abord les complices obscurs, ensuite les chefs !

Sa main s’étendait vengeresse, désignant, l’un après l’autre, Olivio et ses lieutenants.

— La malheureuse est folle ! bégaya l’haciendero.

— Folle que non pas !

Et dardant sur Kasper ses yeux étincelants :

— Au centre du kiosque Rouge, une dalle était déplacée, un trou béant s’ouvrait ?…

— Oui, murmura le bandit.

— La prisonnière est libre, Dieu soit loué ! Olivio, je ne vous crains plus. Celle qui devait mourir, si je résistais à vos tortueuses volontés, est hors d’atteinte. Je puis parler. Assassin de tous ceux que j’aimais ; assassin de la Botearia de Teffé, hypocrite, lâche et menteur, je vous hais !

Elle s’arrêta stupéfaite.

Un instant abasourdi par le brusque retour d’événements qui mettaient à bas toutes ses mesures, le misérable s’était ressaisi, et, très calme, il venait de laisser tomber ces paroles perfides :