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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/364

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— Ma sœur !

Ces mots, échangés naguère entre elles, avaient établi une sorte de parenté mystique, mille fois plus intime, plus puissante, qu’une parenté réelle.

Jean se rapprocha d’Ydna-Dolorès.

— J’ai déclaré au gouverneur que l’exécution n’aurait pas lieu.

— Ah ! soupirèrent les assistants.

— Je lui ai dit : Pour démontrer le crime, il faut que le coupable se trahisse lui-même ; pour qu’il se trahisse, il faut que Stella soit libre.

— Bien, cela.

— Naturellement, il a refusé ; à nous de lui forcée la main.

D’un seul mouvement, tous furent debout

— Alors ?

— L’exécution est fixée à demain, sept heures ; il faut donc tout préparer ce soir.

— Té, ce sera fait, s’exclama Massiliague, auquel devait peser le silence qu’il gardait depuis l’entrée de Jean, et je te donne mon billet, mon bon, que ce sera bien fait.

— Vous avez pris toutes vos dispositions

— Toutes.

— Surtout ne vous faites pas prendre.

Ce fut Francis qui répondit :

— Soyez tranquille, monsieur Ça-Va-Bien. Pierre et moi, nous serons à la porte de la salle, et aucun spectateur ne sortira sans notre consentement.

— Vous, on ne vous connaît pas, tout est au mieux. Que Crabb et Candi ne se compromettent pas ; nous aurons besoin d’eux demain.

Puis, sur ces paroles énigmatiques, l’ingénieur serra les mains tendues vers lui, regagna l’escalier, le couloir obscur, et enfin la petite porte de la rue.

Un instant plus tard, il déambulait le long de la caes dos Soldados, en monologuant :

— Je vais inviter Olivio et Pedro à venir au théâtre ce soir. Leur présence donnera une importance énorme à la manifestation. Ce sera le défi de la justice à l’autorité. Demain toute la ville prendra parti.

Et avec un accent impossible à rendre, fait d’au-