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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/37

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cumulait, couvrant à présent le sol d’un manteau de trente à quarante centimètres d’épaisseur.

Après chacune de ces constatations affligeantes, Jean venait se rasseoir au fond du réduit, d’un air accablé, tandis que Stella donnait des signes manifestes d’impatience.

Évidemment celle-ci s’exaspérait d’être ainsi murée par un poudreux et infranchissable obstacle.

Parfois une demi-heure s’écoulait sans qu’aucun des captifs fit un mouvement. C’est qu’alors passaient des courants d’air chaud, dont le contact desséchait les lèvres, la bouche, les poumons.

Les jeunes gens avaient l’impression qu’ils allaient mourir.

Puis, brusquement, sans cause, sans motif apparent, l’air redevenait respirable.

Mais ces alternatives épuisaient les prisonniers de l’éruption.

Une soif ardente les torturait.

Ils n’osaient plus se regarder, car chaque fois ils se voyaient plus pâles, plus haletants, plus abattus.

Jean avait-il dit vrai ?

Son dévouement irréfléchi ne devait-il avoir d’autre résultat que d’infliger à Stella les affres d’une longue agonie ?

Cependant la journée prenait fin.

La clarté blafarde, que le soleil invisible distillait à travers le brouillard cendré, s’éteignit.

Devant les yeux des infortunés, la nuit étendit son bandeau noir. Plus rien, un trou d’ombre d’où s’élevait le murmure cotonneux de la cendre tombant toujours, où éclatait de temps en temps une fusée rouge, une gerbe d’étincelles, produites par des pierrailles embrasées.

Repliée sur elle-même, le menton appuyé sur les genoux, Stella ne bougeait plus. Peut-être la pauvre enfant, bouleversée par la grandeur du cataclysme, n’avait-elle plus conscience de la situation.