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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/38

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Une seule impression paraissait survivre en elle, impression de douleur physique qu’elle traduisait à de longs intervalles par une plainte rauque, monotone :

— De l’eau… de l’eau… Oh ! cette soif !…

Puis cette plainte lamentable cessa d’elle-même, et dans l’obscurité opaque, Jean grelotta, terrifié, murmurant :

— Là, dans les ténèbres, elle va exhaler son dernier soupir.

Une terreur l’envahit

Le grésillement de l’averse de poussière cessa de craqueter à ses oreilles, sa tête se pencha sur sa poitrine et sa pensée s’arrêta.

Était-ce le sommeil ?… Était-ce la mort qui commençait ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— L’éruption a cessé ! Venez, venez, mademoiselle.

Jean et Stella apparurent hors du réduit qui les avait protégés. Le jour était revenu. Un soleil radieux éclairait la campagne.

Tous deux, éblouis, restaient là, sans avancer, les yeux clignotants.

Dix minutes plus tôt, l’ingénieur, sortant de sa stupeur, avait constaté du même coup que la lumière avait reparu et que la chute de cendres était terminée.

Vite, il avait couru à Stella, lui avait frappé dans les mains, l’avait ranimée. Maintenant ils se tenaient immobiles, surpris par ce tableau qui s’offrait à leur vue.

Au lieu de la campagne verdoyante, des champs de cannes à sucre, des plantations de caféiers, des rangées de cacaoyers, une immense nappe de poudre blanche comme de la neige recouvrait le sol. Des troncs d’arbres noirs, calcinés, se dressaient de loin en loin.

On eût dit un paysage d’hiver.